Sonia s’est entretenue avec Maryse Couture, présidente de Toiture Couture et présidente élue de CREW M. Confidences d’une femme déterminée, résolument tournée vers l’avenir…

Q On se connaît depuis longtemps toi et moi… Pourquoi avoir choisi la comptabilité?
 

R

 

J’adorais les sciences au secondaire, j’étais excellente. Naturellement, je me suis dirigée vers les sciences de la nature au cégep. Par contre, j’ai vite réalisé que ce n’était pas pour moi et que ça m’ennuyait. À mon entrée à l’université, je me suis alors tournée vers l’administration. C’est à ce moment que l’un de mes professeurs a déclaré : « Quand tu comprends les chiffres, tu peux faire tout ce que tu veux dans la vie. » Cette petite phrase anodine m’a fait réfléchir. Pourquoi ne pas continuer dans un domaine qui me plaisait et qui allait m’ouvrir plus de portes? J’avais trouvé ma formation!

Q Lorsque tu es devenue présidente de Toiture Couture en 2014, savais-tu déjà quel style de leadership tu allais appliquer ou l’as-tu développé au fur et à mesure?
 

R

 

J’ai appris le leadership en l’appliquant au quotidien. Les gens m’ont bien accueillie et j’ai réussi à faire ma place en me faisant confiance, tout simplement. Entourée d’une équipe solide et bienveillante, j’ai pu développer mes compétences de leader. Je considère être une présidente très à l’écoute de mes employés, parce qu’avant même les résultats, le bonheur de chacun dans ses fonctions est essentiel à mes yeux.

Q Qu’est-ce que ça représentait pour toi de travailler dans une entreprise familiale? Avec ton père?
 

R

 

Prendre la suite de mon père à la tête de l’entreprise représentait tout un défi! Il faut dire qu’il avait fait un excellent travail avant moi, donc la barre était haute. Quoi qu’il en soit, je n’avais certainement pas envie de rester « la fille de ». Mon père l’a compris et m’a donc fait de la place de façon très concrète. D’abord, il a changé de bureau et s’est éloigné du mien; ensuite, il a fini par s’absenter l’après-midi. J’ai ainsi pris mes marques, et au fil des semaines, je me suis sentie de plus en plus à l’aise et crédible dans mon rôle de présidente. Mon père s’amusait à dire qu’il s’était mis une date de péremption en parlant de son départ. Comme tout allait bien, il est parti un an plus tôt que prévu!

 

Évidemment, il est très fier d’avoir réussi sa succession, mais en vérité, il n’est jamais très loin. Il joue encore un rôle important dans l’entreprise. En effet, en me laissant le siège de présidente, il a pu se consacrer à des projets plus spéciaux qui nous ont permis d’avancer et de nous moderniser en développant, par exemple, une application mobile. Bref, ce changement a été gagnant-gagnant pour nous, et aussi pour l’entreprise puisqu’il a pu prendre du temps pour réfléchir à notre avenir et se consacrer à des tâches différentes, ce qu’il n’aurait pu faire en restant président.

Q Est-ce que ton père a été un bon mentor?
 

R

 

Sans aucun doute ! Lui n’est pas de cet avis puisqu’il se voit avant tout comme mon père mais, de mon point de vue, il a su m’inspirer. Déjà petite, j’apprenais de lui et grâce à cette relation, il y a des choses que j’ai su appliquer instinctivement une fois en entreprise. En toute sincérité, je crois que nous avons bien réussi à séparer le travail de la famille. Je suis certaine qu’il m’a facilité la tâche, consciemment ou non, car il souhaitait que je sois à la hauteur.

Q Y a-t-il quelque chose que tu changerais, que tu ferais différemment?
 

R

 

Effectivement. Parfois, on croit bien faire en optant pour le changement. À un moment donné, influencée par d’autres modèles d’affaires et d’autres visions, j’ai pensé qu’il serait efficace de devenir une entreprise plus corporative, moins familiale. On m’avait expliqué qu’à la taille que nous avions atteinte, nous devions évoluer et changer notre façon de faire. Après avoir perdu beaucoup de temps et d’énergie, après avoir engagé des gens qui ne « fittaient » pas dans l’entreprise, après avoir essuyé plusieurs conflits regrettables, j’ai finalement abandonné cette idée. Mieux valait reculer que persister. Il fallait bien se rendre à l’évidence que la structure de l’entreprise telle que mon père l’avait bâtie nous convenait à tous, moi y compris. Je suis une présidente proche de ses employés et je tenais à le rester. Flexible et à l’écoute, je privilégie un climat de confiance, un esprit de famille qui est là pour rester.

Q Qu’est-ce qui fait le succès de Toiture Couture?
 

R

 

Je crois profondément que ce qui fait la réussite de l’entreprise, c’est la force de l’équipe, la chimie entre les anciens et les nouveaux, la collaboration entre les plus expérimentés et les plus jeunes. Non seulement nous sommes fiers d’avoir amorcé avec brio un virage technologique qui nous distingue aujourd’hui de la concurrence, mais nous avons beaucoup d’idées à venir pour continuer sur notre lancée et assurer la pérennité de Toiture Couture. Je peux t’affirmer que nous ne sommes qu’au début de notre évolution!

Q Comment vois-tu l’avenir de ton entreprise et son évolution? De quoi rêves-tu pour ton entreprise? Parle-nous de l’entreprise libérée…
 

R

 

En tant que chef d’entreprise, je réfléchis souvent à ce que sera l’avenir pour Toiture Couture. Nous sommes à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle. Comment trouver l’équilibre entre les possibilités de l’informatique et les compétences humaines? Pour moi, c’est très clair, nous sommes une entreprise de service et nous aurons toujours besoin de nos employés — de leur expérience, de leur compétence.

 

Quel est mon rêve? Je voudrais parvenir à « l’entreprise libérée » : là où les employés participent davantage à la gestion en prenant part aux prises de décisions. Personnellement, je suis convaincue que c’est en misant sur les forces de chacun et en accordant plus de responsabilités aux gens que l’entreprise peut grandir.

Q Comment remplis-tu tes fins de semaine? As-tu des loisirs, une passion?
 

R

 

Comme tu le sais, j’ai trois garçons, alors tu peux imaginer qu’entre le soccer, le karaté et la natation, mes fins de semaine sont bien remplies. Malgré cela, j’ai réussi à me libérer du temps pour m’adonner — tu vas être étonnée — au kick-boxing! J’ai tellement accroché que ça me fait complètement décrocher! (clin d’œil) C’est plutôt loin de tes cours de Pilates, n’est-ce pas, Sonia (rires), mais l’important est de trouver une activité qui nous convient, après tout.

Q Tu es impliquée dans CREW depuis 2013. Qu’y as-tu appris, qu’est-ce que ça t’apporte?
 

R

 

Déjà six ans que je suis impliquée dans CREW M, comme le temps file! J’ai beaucoup retiré de cette organisation. D’un point de vue professionnel, j’ai pu y développer mon propre réseau (qui se différencie de celui de mon père, et j’en suis d’ailleurs très fière) en tissant des relations d’affaires avec des gens de milieux différents à qui j’ai pu communiquer mes expériences. D’un point de vue personnel, j’ai rencontré des femmes brillantes dont certaines sont devenues des amies. Cela m’a permis de sortir de mon quotidien tout en m’ouvrant à de nouveaux horizons.

Q Comment vois-tu ton rôle de présidente élue? 
 

R

 

En tant que présidente élue, j’apporte mon soutien à la présidente — toi, Sonia, et j’en profite pour te dire que j’ai beaucoup appris de toi, et t’en remercie. Je sais déjà que je veux mettre le membre au cœur de nos préoccupations en faisant évoluer le mentorat pour aider davantage ceux et celles qui en ont besoin. Je crois aussi que nous devons poursuivre le travail amorcé sur la parité, travail qui résonne déjà beaucoup autour de nous.  

Q Un message pour la relève? 
 

R

 

Je conseille aux jeunes de la relève de bâtir leur réseau sans plus attendre. C’est en s’impliquant qu’ils pourront rencontrer des gens, ouvrir des portes et se faire connaître. Pour ma part, si c’était à refaire, je commencerais bien plus tôt, car avec le recul, je mesure tous les bénéfices du réseautage. Autres conseils : écoutez-vous, faites-vous confiance, suivez votre instinct et, surtout, ayez du plaisir.