S’il y en a une qui est heureuse de venir travailler tous les matins, c’est bien cette jeune femme dynamique au discours très articulé avec qui j’ai passé une heure des plus agréables à discuter d’elle, de son métier, de son ascension professionnelle et de son implication dans CREW M. Sans plus tarder, je vous invite à découvrir Maude Lavoie.

Q Déjà 12 ans que tu travailles chez Richter, et tu occupes le poste de vice-présidente depuis 1 an et demi. Tant de responsabilités pour une si jeune femme, comment es-tu arrivée là?
 

R

 

Lorsque j’ai terminé mon bac, je me souviens que je ne voulais pas faire le cheminement CA parce que ça impliquait de faire un stage en cabinet et, franchement, je ne me voyais pas dans un cabinet comptable devant mon écran toute la journée, avec plein de comptables autour. Mais mon entourage m’a fait changer d’idée et j’ai donc poursuivi ma formation CA. C’est ainsi que j’ai intégré Richter pendant deux ans à titre de stagiaire. Et de stagiaire, je suis passée à employée junior. Chaque année, j’ai gravi les échelons pour finalement accéder à un poste de direction qui me permettra un jour de devenir associée.

J’ai eu la chance d’avoir des mentors. Jamais je ne me suis sentie toute seule. Au contraire, j’ai toujours été épaulée tout au long de ma carrière, que ce soit par des hommes ou des femmes.

Q Peux-tu me décrire une journée type? De quelle façon vis-tu ton rôle au quotidien?
 

R

 

Tous les matins, j’ai beau écrire ma « to do list », je ne m’y tiens jamais! Mes journées se suivent et ne se ressemblent vraiment pas. C’est d’ailleurs ce qui me plaît de mon poste, surtout avec le métier d’auditeur. En fait, il y a tout le temps quelqu’un qui surgit dans mon bureau. Pas le temps de s’ennuyer ici! Ça tombe bien, je fuis la routine et je carbure aux défis. Je suis sans cesse sollicitée : par les membres de mon équipe qui ont besoin de conseils pour résoudre une problématique, mais aussi par les clients (principalement des PME) qui ont des questions ou veulent me faire part de quelque chose d’important. Et quand je dis important, ça touche autant l’aspect personnel que professionnel. Voilà pourquoi on développe des liens qui dépassent la relation de service à la clientèle. On devient un peu leur bras droit pour les aider à gérer leur compagnie, ou à en assurer la succession.

Chose certaine, j’aime ce que je fais, l’ambiance me plaît et je me suis fait de très bons amis dans mon lieu de travail. L’équipe est jeune et dynamique, on a une vraie vie sociale au bureau même si on travaille très fort durant la haute saison.

Q La description que l’on fait de toi sur le site de Richter est très flatteuse. J’ai lu : digne de confiance, intègre, brillante, bienveillante, confiante, attentive, polyvalente, généreuse… Ça prend donc toutes ces qualités pour être VP?
 

R

 

Oh, mon Dieu, ils disent vraiment tout ça? (rires) Tu vois, je me souviens que j’étais allée voir un des associés pour lui demander comment il me voyait, car j’étais incapable de parler de moi. À mon avis, pour être un bon gestionnaire, un bon leader, il faut aussi être à l’écoute et disponible. C’est essentiel. Il faut savoir diriger tout en laissant beaucoup de latitude et de liberté d’action aux membres de ton équipe. Il n’est pas question de micromanagement en étant constamment au-dessus de leur épaule. Au contraire, leur faire confiance pour les rendre autonomes, voilà comment on fait grandir les gens. Aujourd’hui, on veut des employés heureux, car on sait comme il est difficile de les garder. Alors, on améliore la qualité de vie au travail avec horaires flexibles et télétravail. La conciliation travail-famille-vie personnelle est au cœur des valeurs de Richter.

Q Qu’est-ce qui t’a attirée dans l’industrie de l’immobilier?
 

R

 

Tout part de mon stage chez Richter. J’ai commencé là et j’ai eu la piqûre pour le monde de l’immobilier commercial. Ce que j’aime? C’est du tangible, du concret. En plus d’avoir une clientèle très variée, j’évolue dans un marché qui bouge beaucoup et donc me stimule. Bref, je suis tombée dedans et je n’en suis jamais ressortie finalement!

Q Fais-tu du mentorat à l’interne? Crois-tu être un modèle à suivre pour les plus jeunes? Quels conseils donnes-tu à ceux et celles qui commencent?
 

R

 

Le mentorat fait partie des valeurs du cabinet. Selon les disponibilités et affinités de chacun, on devient le mentor de quelques employés, comme je le fais en ce moment pour deux personnes. Dans le fond, on se choisit mutuellement, car c’est une vraie relation de confiance qui s’installe entre nous. La discussion doit être facile; il est essentiel de bien s’entendre dès le départ. Pour ma part, je les suis de très près pour les aider à évoluer dans leur carrière et j’espère être un modèle pour les deux jeunes femmes que je mentore.

Le conseil principal que je donne est, pour moi, une règle d’or : la communication. Ne jamais avoir peur de dire tout haut ce que l’on pense tout bas. Que ce soit pour donner de bonnes idées ou faire part d’un problème, il faut oser prendre la parole. Ce n’est pas un signe de faiblesse que d’avouer nos craintes, nos inquiétudes, notre stress. Voilà pourquoi je pousse mes mentorées à parler en toute transparence, à venir me voir. Ma porte leur est toujours grande ouverte, même pour les personnes dont je ne suis pas la mentore.

Q En 2016, tu es citée dans un article du journal Les Affaires dont le titre est : « Entrée massive des femmes dans le boys’ club ». Peux-tu m’en parler? 
 

R

 

C’est un peu loin dans ma mémoire, mais je me souviens que ça traitait de la diversité dans les cabinets comptables, de la conciliation travail-famille, des changements de modèle enclenchés par la nouvelle génération. Oui, notre secteur d’activités est encore très masculin, mais les hommes prennent des congés de paternité et s’occupent maintenant des enfants comme les mères. Les dirigeants misent donc sur les horaires flexibles et le télétravail. Oui, les barrières naturelles freinent les femmes dans leur ascension, comme la timidité ou le manque de confiance en elles. Mais aujourd’hui, toutes les mesures sont mises en place pour permettre aux femmes d’être à la fois mères et accéder à des postes de direction. La parité s’en vient, j’y crois.

Q Quand tu ne travailles pas, que fais-tu de ton temps pour t’aérer l’esprit? Quels sont tes loisirs?
 

R

 

Je carbure aux voyages! Je peux aussi bien séjourner dans un hôtel cinq étoiles qu’aller à la pêche sur un lac. Ça se passe en famille ou entre amis. Les fins de semaine, je programme des activités, que ce soit pour essayer de nouveaux restaurants ou organiser une escapade; ça me sort de la ville, je m’aère l’esprit. Sinon, deux fois par semaine, mon réveil sonne à 5 h 15 pour mon cours de Pilates à 6 h. C’est tôt, mais je sais que c’est bon pour moi.

Q En 2015, tu as participé à la 2e cohorte de L’effet A. Raconte-nous cette aventure offerte par CREW M.
 

R

 

Mon défi : prendre ma place. L’effet A, c’est 100 jours de devoirs, d’activités le week-end, des web-conférences, etc. Mais ça a eu tout un effet sur moi! (sourire) Les gens de mon entourage professionnel m’ont fait remarquer qu’il y avait la Maude d’avant L’effet A et la Maude d’après. J’avais vraiment changé. Je n’avais plus peur de prendre la parole et, à partir de ce moment-là, je me suis fait davantage confiance. Mieux encore, j’ai appliqué au travail ce que j’ai appris dans cette cohorte. Chez Richter, nous sommes déjà une dizaine de femmes à avoir suivi L’effet A. Toutes ensemble, nous souhaitons transmettre nos enseignements aux autres personnes du bureau. J’encourage aussi mes collègues à vivre cette expérience, car je suis persuadée qu’elles en sortiront grandies. Peu importe la charge de travail, il faut le faire pour soi.

Q Depuis ton adhésion à l’organisation en 2013, comment vis-tu CREW M?
 

R

 

Au début, je ne voyais pas la valeur ajoutée d’être membre. J’allais aux conférences, mais je ne rencontrais personne. C’est pourquoi, en 2015, j’ai décidé de m’impliquer davantage en participant au comité Forum responsable d’organiser des événements, ce qui a tout changé! D’abord, j’ai adoré cette expérience bénévole en événementiel (si j’avais dû choisir un autre métier que le mien, ça aurait été probablement dans ce domaine), ensuite, je me suis enfin sentie intégrée! De fil en aiguille, mon réseau s’est élargi, et je me suis fait connaître aussi à travers mon implication. En 2018, alors que j’allais me retirer du comité, Stéphanie Lincourt m’a convaincue de participer à l’organisation du Gala Excellence. Quelle bonne idée elle a eue! Je me sentais aux commandes d’un grand événement, et j’ai été très heureuse d’avoir autant de responsabilités. Puis tu m’as demandé d’être trésorière sur le comité d’administration. Sincèrement, je n’avais jamais pensé à faire partie du CA, mais pourquoi pas? J’ai donc posé ma candidature et le comité de sélection m’a choisie. Même si mon rôle me garde dans le domaine des finances, ça me sort de mon « day to day ». Bon, on s’en reparle dans quelques mois. (rires).

Q Quel regard portes-tu sur CREW M? 
 

R

 

En six ans, j’ai vu l’organisation évoluer et grandir. Ces dernières années, CREW M a invité les hommes à s’impliquer dans l’organisation. Pourquoi? Parce qu’ils peuvent contribuer à l’ouverture du monde de l’immobilier aux femmes en nous appuyant dans nos démarches et initiatives. Ils peuvent aussi devenir des ambassadeurs et montrer l’exemple dans leur entreprise en nommant plus de femmes à des postes de direction. Mais ce qui me frappe le plus chez CREW M, c’est la qualité de nos bénévoles. Ce sont de grands professionnels qui ont accumulé beaucoup d’expérience et d’expertise. Il y en a de tous les âges, tous autant investis les uns que les autres.

Q As-tu l’ambition de devenir un jour présidente de CREW M?
 

R

 

Euh… je ne sais pas. On verra où le vent me porte. Pour le moment, j’ai juste hâte de vivre la prochaine convention du Network en Floride, dont tout le monde dit qu’il y a un « avant » et un « après ». Un peu comme L’effet A. Au programme : des conférenciers renommés, des grosses pointures de l’industrie et plein de gens à rencontrer. Rien que de penser à cette expérience unique, j’en trépigne d’impatience! Tu n’auras pas le choix de me réinterviewer pour que je te raconte ça. (rires)